Photographie de Lalla Kowska Régnier à La Moderne, bar qu'elle a créé, avec le support du Groupe SOS, accompagnant client·es et professionnel·les. © Véronique Hubert

INTERVIEW

Sortir d’une vision restrictive et suspicieuse de la réduction des risques dans les bars, tel est le mouvement initié par LALLA KOWSKA RÉGNIER avec ses interventions auprès des professionnels HCR.

INTERVIEW

Sortir d’une vision restrictive et suspicieuse de la réduction des risques dans les bars, tel est le mouvement initié par LALLA KOWSKA RÉGNIER avec ses interventions auprès des professionnels HCR.

Lalla Kowska Régnier est directrice de bar et initiatrice du programme de réduction des risques Vente et consommation attentives d’alcool : prendre soin de son ivresse.

POURQUOI « PRENDRE SOIN DE SON IVRESSE » ?
LKR : Si la formule peut surprendre, elle énonce très clairement l’enjeu, et son caractère paradoxal dépend finalement de la façon dont on approche santé publique et alcool.
Si on part du postulat que la consommation d’alcool est avant tout dangereuse pour la santé, l’idée de « prendre soin de son ivresse » semble aberrante. Mais si on se fonde sur les approches de réduction des risques, elle prend alors tout son sens.

EN QUOI CONSISTE LA RÉDUCTION DES RISQUES ?
LKR : Si je dois résumer la RDR, je citerai une autre formule, celle d’Anne Dufourmantelle qui parle de

“mettre le risque du côté de la vie”.

Il y a un risque à s’injecter de l’héroïne par voie intraveineuse et il y a celui de partager sa seringue contaminée. La philosophie RDR est partie des expériences et des stratégies élaborées dans l’urgence de l’épidémie de sida dans les années 80.

COMMENT APPLIQUER CE CONCEPT DE RDR À LA CONSOMMATION D’ALCOOL ?
LKR : Ce qui parait dorénavant évident avec l’héroïne devient plus flou avec l’alcool.

Voilà finalement un psychotrope vendu légalement, dont la consommation est socialement valorisée en Europe et associée à des moments de convivialités chaleureuses.

Si on y ajoute les enjeux économiques à la fois des fabricants, des producteurs et des vendeurs, on constate assez rapidement que les principes de réduction des risques sont perçus avec suspicion.
La dernière campagne de prévention de Santé Publique France sur « les ravages de l’alcool » est assez exemplaire. Depuis des années, les actions préventives de sensibilisation aux risques de la consommation d’alcool auprès des publics des débits de boissons sont toujours déléguées à des structures extérieures à ces établissements. Cette méfiance n’a plus lieu d’être.

ÊTRE AU PLUS PRÊT DES CONSOMMATEURS
LKR :

L’idée est donc de remettre au cœur des métiers du bar la responsabilité et l’attention, d’accompagner les professionnels dans l’évolution de leur métier et de la place de l’alcool dans leur activité.

Le Dry january est devenu un rendez-vous annuel, la tendance NoLo entraîne un renouvellement de l’offre. Au travers de ces mouvements, la RDR est devenue positive et non défensive. Consommation d’alcool, vente attentive et réduction des risques sont maintenant des ingrédients que chaque barman doit savoir doser dans son shaker. L’enjeu est de les aider à trouver les bonnes recettes de ce cocktail RDR.

Photographie © Véronique Hubert
Lalla Kowska Régnier à La Moderne, bar qu’elle a créé, avec le support du Groupe SOS, accompagnant client·es et professionnel·les.

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